La critique de la superstition dans "la Boîte à Merveilles"
Les superstitions se définissent comme l'ensemble des croyances et pratiques irrationnelles jugées contraires à la raison et à la religion. Elles sont liées à un pressentiment heureux ou néfaste de certains signes, exemple le mauvais œil .Elles sont dues à l'ignorance ou la crainte. Les superstitieux croient à divers présages, portant bonheur ou malheur. Par ailleurs, elles sont étroitement liées au rang et au niveau socio-économique de l'individu.
Certes, la nature humaine est confrontée à la frustration et au désespoir. Or, elles ne sont qu'illusions et mirages qui ne reposent sur aucun fondement scientifique.
A travers son roman autobiographique à caractère ethnographique. Ahmed Sefrioui nous brosse des scènes relatives aux superstitions qui sévissaient dans le Maroc traditionnel où la plupart des marocains végétaient dans la misère. Évidemment, les démunis croupissant dans le dénuement, recourent aux services des charlatans afin de soulager leurs maux physiques et moraux. L'exemple de Lalla Zoubida, la mère du narrateur Sidi Mohammed, et de son amie Lalla Aicha est très significatif .La visite du sanctuaire de Sidi Ali Boughaleb ne les a pas comblées de bénédiction de « baraka » mais elle s'est par contre transformée en cauchemar. Puisque Sidi Mohammed a été la victime de l'attaque d'un « matou» chat. En voilà une critique acerbe glissée par l'auteur afin de dénoncer le maraboutisme; puisqu'on ne peut espérer la bénédiction et la protection d'un mort.
Bien que les eaux aient coulé sous les ponts, notre société marocaine croit dur comme fer aux miracles des marabouts notamment chez les classes populaires où les mentalités sont restées figées. Effectivement, le besoin pousse les gens à se soulager à l'aide de remèdes bon marché et de recettes miraculeuses moins coûteuses parce que leur budget ne leur permet pas de consulter des spécialistes, ceci est pour eux un luxe. Les soins magiques recherchées auprès d'un marabout, d'un fqih ou d'une voyante constituent tout simplement la quête du bonheur perdu, le recouvrement de la bonne santé mais à des honoraires dérisoires.
Les mêmes croyances d'antan continuent à sévir au sein de notre société moderne peut-être à un degré moins important qu'autrefois. Mais ils se perpétuent par le biais da la mémoire collective, à cause de l'indigence matérielle et surtout à cause de la misère intellectuelle. Le développement d'une nation passe, certainement, par l'instruction .Or, le taux d'analphabètes est toujours élevé, les conditions de vie de la plupart des foyers marocains laissent à désirer. Certains pour ne pas dire la plupart vivotent en dessous du seuil de la misère.
Bref, lutter contre ce fléau nécessite l'amélioration du niveau socio-économique des citoyens afin de leur permettre de mener une vie décente voire meilleure et de jouir d'une mentalité évoluée et d'un esprit critique, faisant table rase de toute croyance infondée scientifiquement.