Examen régional n°31
TEXTE DE BASE :
Mon père entra.
- Le salut sur vous.
- Sur toi le salut, murmura ma mère. As-tu fait bon voyage ?
- Louange à Dieu, je n'ai eu aucun ennui, mais je suis un peu fatigué ... Sidi Mohammed, viens que je te
regarde de plus près.
Je m'approchai de mon père. Il se débarrassa des deux poulets. Il les posa à même le sol. Ils avaient les
pattes liées par un brin de palmier. Ils se mirent à battre des ailes, à pousser des gloussements de terreur. Mon père m'intimidait. Je le trouvais changé. Son visage avait pris une couleur terre cuite qui me déconcertait. Sa djellaba sentait la terre, la sueur et le crottin. Lorsqu'il passa ses mains sous mes aisselles et me souleva à la hauteur de son turban, je repris entièrement confiance et j'éclatai de rire. Ma mère sortit de sa torpeur. Elle rit comme une petite fille, s'empara des poulets pour les emporter à la cuisine, revint aider mon père à vider son capuchon qui contenait des œufs, sortit d'un sac de doum un pot de beurre, une bouteille d'huile, un paquet d'olives, un morceau de galette paysanne en grosse semoule. Prise d'une fièvre d'activité, elle rangeait nos richesses, soufflait sur le feu, allait, venait d'un pas pressé sans s'arrêter de parler, de poser des questions, de me gourmander gentiment.
Installé sur les genoux de mon père, je lui racontais les événements qui avaient meublé notre vie pendant son absence. Je les racontais à ma façon, sans ordre, sans cette obéissance aveugle à la stricte vérité des faits qui rend les récits des grandes personnes dépourvus de saveur et de poésie. Je sautais d'une scène à une autre, je déformais les détails, j'en inventais au besoin. À chaque instant, ma mère essayait de rectifier ce que j'avançais; mon père la priait de nous laisser en paix.
Les voisines faisaient à haute voix des vœux pour que notre bonheur soit durable et notre santé prospère.
Des you-you éclatèrent sur la terrasse. Des femmes venues des maisons mitoyennes manifestaient ainsi, bruyamment, la part qu'elles prenaient à notre joie. Ma mère ne cessait de remercier les unes et les autres.
Lisez attentivement le texte et répondez aux questions.
I. COMPRÉHENSION : 10 points. (1 pt x 10)
1. Recopiez et complétez le tableau suivant :
Titre de l’œuvre :
Auteur :
Siècle :
Genre :
2. Situez le passage dans l’œuvre.
3. Quelle a été la réaction de l’enfant quand il a vu son père au début ?
4. Les voisines étaient :
a) Joyeuses
b) Jalouses
c) Indifférentes
Recopiez la bonne réponse. Justifiez-la.
5. Relevez dans le texte quatre indices qui évoquent la compagne.
6. D'après le narrateur, qu’est ce qui caractérise le récit des enfants ? 7. Recopiez et complétez le tableau suivant :
Phrase du texte / Temps verbal
Récit
Discours
8. Le portait physique du père est-il valorisant ou dévalorisant ?
Justifiez votre réponse.
9. La tradition veut que celui qui rentre de voyage ne revienne jamais les mains vides. Qu’en pensez-vous ?
10. D'après vous, qui devrait lire ce genre de texte : les marocains ou les étrangers ? Justifiez votre réponse.
II. PRODUCTION ÉCRITE : 10 points
Le bonheur pour vous est-ce vivre comme tout le monde ou choisir son propre chemin ?
Rédigez un texte argumentatif dans lequel vous répondez à cette question en vous appuyant sur des arguments précis.
CORRECTION DE L’EXAMEN N° 31
COMPRÉHENSION :
1. Recopiez et complétez le tableau suivant :
Titre de l’œuvre : La Boite à Merveilles
Auteur : Ahmed Sefrioui
Siècle : 20ème siècle
81
Genre : roman autobiographique
2. Ce passage se situe à la fin du roman. Le père Maallem Abdeslam est revenu de son voyage du
travail à la campagne.
3. Son père l'intimidait
4. Les voisines étaient :
a) Joyeuses
5. les poulets, crottin, bouteille d'huile, un paquet d'olives, un morceau de galette, semoule
6. Le récit des enfants est fait sans ordre, sans obéissance à la vérité des faits. Ses détails sont aussi
déformés.
7.
Phrase du texte Temps verbal
Récit . Mon père entra Passé simple
Discours As-tu fait bon voyage ? Présent de l’indicatif
8. Le portait physique du père est dévalorisant ?
-« Sa djellaba sentait la terre, la sueur et le crottin »
9. La tradition veut que celui qui rentre de voyage ne revienne jamais les mains vides. Je pense que
ce n’est pas important de ramener quelque chose, ce qui importe les retrouvailles.
10. Je pense que les marocains et les étrangers à la fois doivent lire ce roman. Les premiers, pour
découvrir comment vivait la société marocaine, et les deuxièmes, pour découvrir la culture
marocaine.